Qui lance un boomerang risque de se le prendre dans la figure !

Qui lance un boomerang risque de se le prendre dans la figure ! (proverbe australien).

On connaît la propriété du boomerang : il « retourne à l’expéditeur », si rien ne l’arrête dans sa course. Voilà pour la théorie, car dans la pratique, les choses ne sont pas aussi simples. Sachant que le boomerang est une arme de jet, il présente, s’il se retourne, un danger certain : on peut perdre un œil en ne le rattrapant pas comme il faut.

Partant d’une constatation bien réelle, cette maxime est une sérieuse mise en garde : il vaut souvent mieux ne pas lancer de boomerang du tout ! Le sens du proverbe est bien entendu métaphorique : gardons-nous de lancer des projectiles, quels qu’ils soient, de manière inconsidérée ! 

Depuis l’Antiquité gréco-romaine, on connaît en Europe des adages de sens analogue, dont l’équivalent français est le suivant : Qui sème le vent, récolte la tempête. En d’autres termes, toute discorde que l’on allume, toute mésentente que l’on attise, toutes calomnies que l’on répand sont autant d’armes à double tranchant.

L’équivalent le plus proche du proverbe australien nous semble être un vers de Robert Southey (1774-1843), qui connut une grande fortune outre-Manche : Curses are like young chickens, they always come home to roost : « Les malédictions sont comme de jeunes poulets, qui rentrent toujours se percher dans leur poulailler ». Au-delà de l’image plaisante, le sens correspond à l’expression prosaïque française : Le mal retombe sur celui qui l’a fait. 

Résumant depuis des temps immémoriaux la sagesse mésopotamienne, la Bible abonde en de tels revirements de situations : ainsi, au chapitre 26 du livre des Proverbes, verset 27, on lit ceci : « Qui creuse une fosse y tombera ; qui roule une pierre, elle lui roulera dessus. » Inversement, l’apôtre Paul écrit aux Galates : « Tant que nous disposons de temps, travaillons pour le bien de tous […][1].» (mc)

[1] Chap. 6, v. 10 dans la Traduction œcuménique de la Bible.