
11 On ne tire pas au canon pour écraser une punaise (proverbe québécois)
Personne assurément ne le ferait, hormis le petit bonhomme de Pierpaolo, que la punaise observe d’un œil terrorisé.
Or ce proverbe n’est pas aussi limpide qu’il le paraît au premier abord ; qui peut en effet se vanter d’avoir toujours su adapter les moyens à l’objectif ?
Se sentant vieillir et voulant s’assurer que son art lui survivrait dans l’un ou l’autre de ses trois fils, un grand-maître d’escrime japonais les soumit à l’épreuve suivante : il plaça un coussin en équilibre sur la porte de sa chambre et attendit qu’ils entrent… Un jour que le cadet se trouvait à la maison, le vieux maître laissa sa porte entrouverte et il l’appela. En poussant la porte, celui-ci fit tomber le coussin. Rapide comme l’éclair, il le transperça de son épée ! Son père, fort affecté de cette réaction excessive, renouvela l’expérience avec le puîné. Ce dernier ouvrit la porte sans précaution et le coussin tomba. Le jeune-homme alors l’attrapa au vol. Le père se rasséréna, mais ne se déclara pas satisfait pour autant. Avec l’aîné, il en alla tout différemment : se méfiant de quelque chose, celui-ci n’entra pas avant d’avoir ôté le coussin de la porte, pour la plus grande joie de son père !
Ainsi, afin d’adapter à la situation l’action et la réaction, il faut montrer du jugement, faire preuve de sang-froid, en un mot, maîtriser son sujet ; « faire le vide », comme l’enseignent les techniques orientales de progrès spirituel, ou « lâcher prise » comme on l’apprends dans divers techniques de relaxation, sont un formidable point de départ. (mc)