L'Association Mots & Images

L'association
L’association a pour but la promotion d’œuvres picturales, plastiques et littéraires d’artistes engagés pour la protection du patrimoine architectural, culturel et environnemental.
Les projets artistiques doivent nécessairement avoir un caractère participatif et répondre à certains critères.
Les membres
Membres du comité :
- Lucien Richard, président
- José Gaggio, vice-président
- Christian Bosi, caissier
- Matteo Campagnolo
- Pierpaolo Pugnale (Pecub)
Membres actifs :
- Pierpaolo Pugnale (Pecub)
- Matteo Campagnolo
Membres fondateurs :
- Charles Mottier (1935-2024)
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Cotisations annuelles CHF 50.-
Les Artistes
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Hommage à Charles Mottier par Matteo Campagnolo
Charles Mottier (1935-2024) était resté l’élève fidèle et enthousiaste d’André Rey (1906-1965), le professeur de l’Université de Genève dont l’importance des tests ne cesse d’alimenter certaines branches de la recherche en psychologie. Il se voulait l’héritier praticien de la méthode du maître, dont il conservait les publications à portée de main. L’idéal de Charles Mottier était d’aider son prochain – grâce la pratique de l’art de la psychologie. Dans un bureau qu’il avait baptisé Sélection et Conseil, il avait mis au point avec ses collaborateurs des tests de plus en plus subtils, aptes d’une part à aider les jeunes à choisir le chemin dans la profession pour lequel ils avaient les meilleures aptitudes, et, pour les entreprises, à choisir les employé-e-s et les collaborateurs/trices les plus adapté-e-s à la tâche qui allait leur être confiée. Ainsi Charles Mottier avait aidé des milliers de personnes à « se trouver » et à trouver leur chemin professionnel, et un grand nombre d’entreprises à éviter au maximum les erreurs dans le choix des candidats.
Arrivé à un âge avancé, il continuait à travailler avec la même passion intellectuelle et créative, recherchant désormais ce qui devait lui permettre de cultiver son violon d’Ingres : la sagesse populaire et universelle renfermée dans les proverbes et les sentences de personnages connus passées en proverbes. Il cueillait à pleine main sur la toile ce qui lui paraissait renfermer un message positif et bénéfique. C’est avec une totale conviction qu’il exposait les futurs développements de ce qu’il voyait apporter un moment de liberté et d’espoir aux gens prisonniers d’un quotidien trop souvent aliénant et déshumanisant.
Ainsi, à l’orée de ses nonante ans, il demeurait actif et engagé comme il l’avait toujours été, l’esprit toujours jeune, en se réinventant constamment. On se souvient qu’un jour il avait fermé son cabinet de consultation pour sillonner l’océan en bateau à voile avec sa nouvelle compagne. Ensuite, il s’était transformé en gentilhomme de campagne dans les collines secrètes de l’Ardèche, tout en ouvrant son bureau de tests attitudinaux. Depuis quelques temps – avec la collaboration de Pierpaolo Pugnale, connu sous le pseudonyme de Pécub, qu’il avait convaincu d’abandonner le poids de la célébrité et son art sombre et touffu pour un art fait de touches légères, dépouillé, souriant à la vie, en un mot plein d’optimisme humaniste – il avait mis au point son nouveau projet d’envergure.
C’est aussi ainsi qu’a commencé notre collaboration, par l’aspect littéraire de cette recherche. Il y a environ deux ans, à la fin d’un charmant déjeuner sur la terrasse donnant sur le lac, où il passait les journées d’été avec sa compagne, Laurence Habegger-Bouvier, la plus jeune de mes tantes, Charles me demande à brûle-pourpoint si je ne serais pas d’accord de relire le matériel qu’il avait réuni et d’en faire une traduction italienne. Cela représentait, dans mon esprit en tout cas, un coup de main amical qui ne se refuse pas. J’avais mis le doigt dans un engrenage qui allait m’entraîner là où je n’aurais jamais soupçonné… Certaines remarques et critiques que je me suis permis de lui adresser quelques jours plus tard ont dû lui paraître utiles et valables, si bien que progressivement il m’a impliqué dans son projet. Quelques temps plus tard, Charles m’a carrément proposé de m’intégrer à son projet un peu comme son assistant ; tout en lui faisant part de ma disponibilité, je n’avais alors pas insisté afin de formaliser, comme il semblait le suggérer, cette proposition flatteuse.
Lors d’un dernier déjeuner que nous eûmes à deux couples, à la fin de l’hiver 2024, ma tante me fit sentir qu’elle comptait sur moi pour seconder Charles. Pouvais-je penser alors que – deux mois plus tard – cette demande allait devenir un désir que l’on ne saurait refuser ? Charles lui-même paraissait toujours décidé à m’associer à son travail, dès les premiers résultats concrets obtenus.
Et alors que je lui rendais visite après le décès de ma tante, comme pour répondre à mes scrupules, Charles me demande formellement de continuer son œuvre quand il ne serait plus là. Il paraissait si jeune encore et si plein d’énergie… ; je lui ai demandé s’il m’en considérait capable. Il me répond de façon décidée et péremptoire par l’affirmative ; j’en ai eu presque peur. Il n’était plus temps de reculer. J’ai dit simplement : « Entendu, d’accord », tout en pensant que, pendant longtemps peut-être, cela allait signifier seulement être disponible pour examiner ensemble des questions ponctuelles. Quelques semaines avant qu’il nous quitte, devant Pierpaolo Pugnale, Charles revient sur le sujet. Ce n’était pas anodin, car revenir sur le sujet signifiait demander à Pierpaolo de travailler avec moi et la confirmation définitive que nous étions bien d’accord les trois. Mais à la rigueur, pourquoi le dire à ce moment-là… Pressentiment de sa part ? Trois semaines plus tard, Charles n’était plus parmi nous. Pierpaolo le trouva, installé sur son banc, à l’attendre…
Quelle était sa méthode ? Charles proposait à Pierpaolo quelques proverbes ou des sentences en peu de mots d’introduction. L’artiste « crochait », c’était parti. Celui-ci recopiait délicatement en caractères d’imprimerie les mots sur le coin d’une feuille A4, puis la magie commençait. Il piquait la feuille de son style, et, sans qu’il le lève une seule fois, sans une hésitation, un repentir, l’illustration surgissait pour transformer une phrase, souvent bien connue, en un tandem unique véhiculant un message que seuls mots & image réunis parviennent à transmettre.
Autorisé, conscient d’avoir été choisi en pleine connaissance de mes aptitudes pour continuer une tâche, non comme double, que par ma formation d’historien et de littéraire autant que par ma tournure d’esprit je ne pourrais être, mais comme une personnalité provenant d’un tout autre horizon, je tâcherai donc d’apporter comme le troisième côté d’un triangle formé par le psychologue, le dessinateur et l’ethnologue, attentif lui au choix des mots, d’un point de vue historique et littéraire, sans trahir mais pour accompagner.
Vivat Charles !