Il écorcherait un pou pour en avoir la peau (proverbe italien)
Cette image signifie « être d’une avarice sordide », « âpre au gain », « maladivement parcimonieux ».
La plus ancienne mention du proverbe que nous connaissions est en français (Miege, The Great French Dictionary, 1687). Une variante en italien est Scuoierebbe una pulce, per succhiarle quel poco grasso che ha addosso, « Il écorcherait une puce pour lui sucer le peu de gras qu’elle a ».
En russe, pour dire la même chose, on a recours à une image tirée du monde agricole : он на обухе рожь молотит, зерна не уронит (о скряге) ; ce qui signifie littéralement : S’il bat le seigle sur sa chaussure, il n’en laissera pas tomber un grain. En grec enfin, κι’ απ’ τη μύγα ξύγκι βγάζει, « Même d’une mouche il est capable de tirer de la graisse ».
C’était l’époque où les poux rivalisaient d’indiscrétion avec les mouches ; inévitables, ils étaient partout ! Ainsi, pour préciser la couleur entre le brun et le roux, on disait pou. En argot français, un tantinet démodé, le lit se dit encore pucier. En Grèce antique, pour dire de quelqu’un qu’il invoquait les dieux pour un oui ou pour un non, ce qui est formellement désapprouvé par la Bible également, on disait qu’il « invoque Héraklès, à chaque morsure de puce » (Erasme, Adagia 2304). Ce qui montre bien qu’ils étaient omniprésents ; c’était même la norme !
En italien, cavar sangue da una rapa ou da una pietra, « tirer du sang d’une rave » ou « d’une pierre », n’ont pas tout à fait le même sens : l’accent est mis sur l’impossibilité de tirer quelque chose de quelque chose, ou d’obtenir de quelqu’un quelque chose qu’il ne peut pas donner ; c’est donc peine perdue.
