
Chez soi, chacun est roi
In casa sua ciascuno è re. Ce proverbe italien existe en tout cas dans toutes les langues européennes et, pour autant que nous le sachions, dans bien d’autres encore. En arabe, on dit qu’une petite maison en ruine vaut mieux qu’un palais.
Blaise de Monluc (1502-1577) raconte que le roi François Ier s’étant égaré dans une forêt, arriva un soir d’hiver à une masure de charbonnier, où il demanda l’hospitalité. Le charbonnier l’accueillit avec empressement, mais, s’étant assis sur l’unique chaise au coin du feu, il tendit au roi un escabeau en lui disant :…par droit et par raison, charbonnier est maître en sa maison.
Ce proverbe était déjà connu en latin : domi suae quilibet rex : chez soi, n’importe qui est roi. D’ailleurs, dans un écrit satirique de circonstance, le philosophe Sénèque[1] ne dit-il pas : le coq est roi sur son fumier ? Les Grecs estimaient que le chien dans le vestibule [sous-entendu est le maître] : κύων ἐν προθύρῳ[2] — c’est-à-dire qu’il se sent fort et interdit le passage.
Les Grecs disaient encore : οἶκος φίλος, οἶκος ἄριστος : la maison qui est mienne est la meilleure des maisons, tandis qu’en latin médiéval, privata domus valet aurum : une maison à soi vaut de l’or[3].
Enfin, dans la panoplie des proverbes français :
Mon Louvre et mon Fontainebleau.
(mc)
[1] Lucius Annaeus Seneca, né à Cordoue vers le début de l’ère chrétienne et mort en l’an 65.
[2] Corpus Paroemiographorum Appendicis Centuria III, 53.
[3] Ibidem, IV, 15 ; Walther, n° 7392.