
Ajouter des pieds à un serpent. (proverbe chinois)
Lors d’un concours de dessin, d’après une célèbre histoire chinoise, le plus rapide des concurrents ajouta des pieds à un serpent, qu’il avait terminé avant les autres, perdant ainsi d’abord du temps : il fut en effet rattrapé par celui qui le talonnait. Ensuite de quoi, on lui objecta que les serpents n’ont ni pieds ni pattes, si bien que son dessin n’était pas correct.
Ce dicton chinois, qui signifie : « ogni soverchio rompe il coperchio » : le surplus rompt le couvercle, n’est guère éloigné de « qui trop embrasse, mal étreint » : chi troppo abbraccia nulla stringe. La formule laconique Μηδὲν ἄγαν / mèden ágan – qui signifie rien de trop – était gravée au fronton du temple d’Apollon à Delphes ; due à Solon ou à quelque autre des Sept Sages de la Grèce, elle englobe ces divers proverbes, que les Anciens déjà rapprochaient d’une autre sentence, attribuée tantôt à l’un, tantôt à l’autre des Sept Sages et passée en proverbe : Μέτρον ἅριστον / métron áriston : la meilleure des choses est la mesure.
La maxime delphique a inspiré à Jean de La Fontaine la fable 11 du livre IX, intitulée précisément Rien de trop.
RIEN DE TROP
Je ne vois point de créature
Se comporter modérément.
Il est certain tempérament
Que le maître de la nature
Veut que l’on garde en tout. Le fait-on ? Nullement.
Soit en bien, soit en mal, cela n’arrive guère.
[…]
De tous les animaux l’homme a le plus de pente
A se porter dedans l’excès.
Il faudra faire le procès
Aux petits comme aux grands. Il n’est âme vivante
Qui ne pèche en ceci. « Rien de trop » est un point
Dont on parle sans cesse, et qu’on n’observe point.